84 rue des Gravilliers, 75003 Paris
Behjat Sadr (1924 – 2009) arrived in Paris in 1980, right after the Islamic revolution in Iran, which marked the end of Western influence in the country. Known as the first abstract painter in Iran, movement is at the heart of her practice, like the colorful gestures she created during her time in Italy in the 1950s or rhythmic repetitions of black paint in the 1970s. Sadr has shaped her art by rejecting pictorial practices from Iranian cultural tradition while being nourished by the environment surrounding her since childhood. The architecture of the vaults of the Great Mosque of Esfahan has inspired a series of geometric works; the national oil rigs haunt several paintings questioning Iran’s ambivalent relationship with the revenues generated by this industry. The Iran-Iraq war and illness persuaded her to stay in France. In Paris, she creates collages and photo-paintings inspired by the past and present, depicting solitary beings wandering in unusual spaces, often caught in a vise of black trunks, suggesting an agony “specific to our times, marking all places”, as quoted in her writings.
Behjat Sadr died in 2009, in France.
Isabelle Cornaro (born in 1974) grew up in the Central African Republic and arrived in Paris in 1980, following the fall of Emperor Jean-Bédel Bokassa backed by the French government because of his conciliation with Muammar Gaddafi. This new political strategy was seen as against France’s own interests because before the change, France had benefited from the exploitation of the country’s mineral resources, including gold and diamonds. The Savane autour de Bangui (Un facsimilé) series evokes the issue of colonialism from a personal point of view. This body of work is a series of compositions made with bronze copies of jewelry that belonged to the artist’s mother. Arranged to create simplified landscapes reminiscent of childhood play and imagination, these arrangements of chains, watches, and pendants bring the objects back to different statuses depending on their place in each composition. The change of scale emphasizes the psychological and fantastical nature of our relationship to spaces, childhood, history, and what is real or imagined, true or false.
The exhibition brings together two artists of different generations, linked by the influence ofhistorical events on their artistic practice.
Cyrus Goberville
Behjat Sadr (1924 – 2009) arrive à Paris en 1980 à la suite de la révolution islamique d’Iran, qui marque la fin de l’influence occidentale sur le pays. Première peintre abstraite d’Iran, le mouvement est au coeur de sa pratique, qu’il s’agisse de gestes colorés réalisés lors de son séjour en Italie dans les années 1950, ou de répétitions rythmiques du noir dans les années 1970. Elle construit son oeuvre en rejet de pratiques picturales issues de la tradition culturelle iranienne, tout en se nourrissant de son environnement, de ce qu’elle a vu et ressenti dès son enfance. L’architecture des voûtes de la Grande Mosquée d’Ispahan inspire une série d’oeuvres géométriques, et les plateformes pétrolières nationales hantent des toiles qui interrogent le rapport ambivalent de l’Iran face aux revenus générés par cette exploitation. La guerre Iran-Irak et la maladie la décident à rester à Paris. Elle y crée des collages et photopeintures traversés par le passé et le présent, d’êtres solitaires errant dans des espaces insolites souvent pris dans un étau de troncs noirs, suggérant une angoisse « liée à notre temps, et dont tous les lieux paraissent marqués », qu’elle évoque aussi dans ses écrits.
Behjat Sadr décède en 2009, en France.
Isabelle Cornaro (née en 1974) grandit en République centrafricaine et arrive à Paris en 1980, à la suite de la chute de l’empereur Jean-Bédel Bokassa, organisée par le gouvernement
français en raison de son rapprochement avec Mouammar Kadhafi — cette nouvelle politique menée contrariant les intérêts de la France, bénéficiaire de l’exploitation des ressources minières du pays (dont l’or et le diamant). La série Savane autour de Bangui (Un facsimilé) est une oeuvre intime, évoquant directement la question coloniale. Elle se compose de copies en bronze de bijoux en pierres et métaux précieux ayant appartenu à la mère de l’artiste, organisées à la manière de paysages simplifiés, proches des jeux et de l’imaginaire de l’enfance. Ces combinaisons, qui renvoient les objets (chaînes, montres, pendentifs) à différentes identités selon leur position dans chaque composition, sont augmentées par des variations d’échelle. Celles-ci soulignent la dimension psychologique, fantasmatique, de notre rapport aux espaces, à l’enfance, à l’histoire, à ce qui est réel ou imaginé, vrai ou faux.
L’exposition rapproche deux artistes de différentes générations, liées par l’influence d’événements historiques sur leur pratique artistique.
Cyrus Goberville