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Le Magasin, Grenoble, France

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Location

Le Magasin
8 esplanade Andry-Farcy
38000 Grenoble
France

Curated ByYves Aupetitallot
DurationJune 3, 2012 - September 2, 2012

Following two solo exhibitions dedicated to Mai-Thu Perret (The Adding Machine, 08.10.2011-08.01.2012) and Lili Reynaud-Dewar (Ceci est ma maison / This is my place,05.02-29.05.2012), the MAGASIN continues its mandate to promote the new generation of emerging artists, with an exhibition of work by French artist Isabelle Cornaro, encompassing the entire space.

Isabelle Cornaro’s practice explores notions of classical perspective, viewpoint and positioning in figurative art, drawing on historical tradition and the avant-garde art strategies of the 1960s and 1970s alike. She explores the different aesthetic movements that have shaped Western culture, taking an approach rooted in post-modern theories of art, and adopting a semiological perspective that allows her to examine afresh such “sacred” concepts as medium, style and the question of reproduction versus original work. Through drawing, video and film, installation and sculpture – diverse forms linked to the history and culture of Western society – Isabelle Cornaro plays with the limits of artistic media and the artwork itself: part working document, part unique/private object, part public/anonymous object.

The interaction and confrontation of these different artistic ‘languages’ is expressed in translations from one medium to another – a core theme of the present exhibition, featuring works ‘in transit’ from painting to installation, from installation to film, and from film back to painting. This examination of the act of translation between media is central to Isabelle Cornaro’s work: her installations take the compositional schemes of 17th-century paintings as their starting point, using everyday objects, jewellery and hair to ‘draw’ new images, and putting figurative objects to abstract uses, subverting the concrete nature of real things to create a new, figurative ensemble. The objects used are drawn from popular and ‘highbrow’ culture alike: extracted from their habitual surroundings and integrated into the composition, familiar objects take on new meanings and values – like semantic and ideological fragments reassembled. Highlighting the importance of symbolic systems in cultural constructs, Cornaro demonstrates how our means of depiction and representation – always culturally and historically defined and determined – influence the way we perceive the world.

In the large, glass-roofed space of the Rue du MAGASIN, Isabelle Cornaro presents a new installation based on the perspective lines of a conventional figurative painting. Arranged on different-sized pedestals, and hanging from picture rails positioned at different heights, a diverse array of objects form a new composition, organised by size according to the basic rules of perspective. The biggest objects are placed in the foreground, and the smallest at the back of the installation. The pedestals are positioned for frontal viewing, from where we experience the whole composition as a two-dimensional picture. The viewer can choose to take this unique, distanced viewpoint, or walk into the ‘picture’ created by the installation. This new work is a V-shaped version of Cornaro’s Paysage avec poussin et témoins oculaires, featuring a typology of industrial objects (unprecedented on this scale) from the building, transport and communications sectors, highlighting their industrial setting – a former factoryturned- art centre.

The installation Le Proche et le lointain features a geometrical arrangement of vitrines forming a composition that appears abstract from a distance, but which is experienced close up either as a landscape, or as simple accumulations of objects. Isabelle Cornaro uses this formal dialectic to establish a tension between everyday objects and ‘collectors’ items,’ and to explore the notion of fetishism so readily applicable to the latter. Issues of fetishism and representation are also central to the films screened in the first rooms of the Galeries du MAGASIN: De l’Argent… (‘Of money…’) with its ‘spectacularisation’ of value symbols, and Le premier rêve d’Oskar Fischinger (‘The first dream of Oskar Fischinger’) in which objects filmed in extreme close-up become autonomous worlds in their own right.

The murals and casts occupying the main, central gallery at the heart of the exhibition focus on the concept of translation between media and supports. The spray-paint murals are objective, dispassionate reproductions of paintings from the film Floues et colorées, while the moulded ‘cast’ pictures are coloured versions of a single ‘landscape’ (or ‘portrait’), made from piles of fabric and textiles. Visitors experiencing works in the exhibition are also experiencing the artist’s meticulously interwoven, pre-planned exploration of the conditions under which the artworks have been made, the context of their genesis, and the scope of their meaning, in technical, historical and symbolic terms.

 

Après avoir consacré une exposition monographique à Mai-Thu Perret (The Adding Machine, 08.10.2011-08.01.2012) et à Lili Reynaud-Dewar (Ceci est ma maison / This is my place, 05.02-29.05.2012), le MAGASIN poursuit son projet d’accompagnement d’une génération émergente en confiant l’ensemble de ses espaces d’exposition à Isabelle Cornaro.

Cette artiste française aborde les notions classiques de perspective, de point de vue et de positionnement à travers une pratique qui semble se fonder à la fois sur des traditions historiques et des emprunts aux stratégies artistiques des « avant-gardes » des années 1960-70. Isabelle Cornaro aborde en effet les divers courants esthétiques qui ont construit la culture occidentale d’un point de vue sémiologique, ce qui lui permet de revenir sur des questions aussi consacrées que celles du médium, du style et de la reproduction-versus l’original, par le biais de réflexions issues de la postmodernité. Utilisant aussi bien le dessin, la vidéo/le film, que l’installation et la sculpture – diversité également liée à l’histoire et à la culture de la société occidentale –, l’artiste joue ainsi avec les frontières des médiums et de l’œuvre, qui se situe dès lors entre le document de travail, l’objet unique/privé et l’objet public/anonyme.

La mise en rapport de ces « langages » se traduit notamment par le passage, particulièrement thématisé dans la présente exposition, d’un médium à un autre : de la peinture à l’installation, de l’installation au film et du film à la peinture. Ces rapports de « translation » occupent une place centrale dans le travail d’Isabelle Cornaro : c’est en partant des schémas compositionnels de peintures du dix-septième siècle qu’elle construit les contours de ses installations et c’est avec des objets quotidiens, des bijoux ou des cheveux qu’elle « dessine ». Elle retourne ainsi le caractère figuratif d’un objet sur l’abstraction de sa fonction ou détourne la présence concrète d’un élément réel pour former un ensemble figuré. De même, les objets qu’elle utilise sont aussi bien extraits de la culture populaire que du champ de la culture savante : une fois intégrés dans une composition, les objets les plus familiers se dotent d’un sens nouveau et d’une valeur nouvelle – comme autant de fragments sémantiques et idéologiques. Mettant en scène l’importance des systèmes symboliques dans les productions culturelles, elle montre ainsi comment les modes de représentation, toujours historiquement et culturellement déterminés, influencent notre perception du monde.

Dans le grand volume sous verrière qui caractérise la Rue du MAGASIN, Isabelle Cornaro présente une nouvelle installation construite à partir des lignes de perspective d’un tableau classique. Elle rassemble, disposés sur des socles et des cimaises de différentes tailles et hauteurs, des objets d’origines diverses utilisés comme autant d’éléments de composition. Suivant une règle de perspective simple, les objets sont ordonnés par taille : les plus imposants sont placés au premier plan, et les plus petits au fond de l’installation. Les socles sont disposés selon un point de vue frontal, depuis lequel on appréhende l’ensemble de la composition comme une image ; le spectateur peut adopter ce point de vue unique et distancié, mais peut également pénétrer dans l’installation et donc dans « l’image ». Nouvelle production, cette œuvre, version V de Paysage avec poussin et témoins oculaires, présente une typologie (inédite à cette échelle) d’objets industriels provenant des domaines du bâtiment, du transport et des communications, mettant l’accent sur son contexte particulier de production, une ancienne halle de production industrielle devenue centre d’art.

Dans l’installation Le Proche et le lointain, l’agencement géométrique des vitrines forme une composition qui, de loin, peut sembler abstraite et qui, de près, laisse découvrir des objets se présentant soit comme un paysage soit comme de simples accumulations. Par cette dialectique formelle, Isabelle Cornaro met en tension l’objet d’usage et l’objet de collection et interroge ainsi la notion de fétichisme qui peut s’y rattacher.

Ces questions de fétichisme et de représentation sont également très présentes dans les films projetés dans les première salles des galeries du MAGASIN, que ce soit De l’Argent…, avec sa « spectacularisation » de symboles de valeur, ou Le premier rêve d’Oskar Fischinger, où les objets, filmés en très gros plan, deviennent des mondes autonomes.

Ce sont les rapports de traduction entre différents supports et médiums qui semblent mis en avant avec les peintures murales et les moulages qui occupent la grande salle centrale de l’exposition. Cependant, on notera que les sprays muraux reproduisent, avec le moins de subjectivité possible, les peintures du film intitulé Floues et colorées ; et que les tableaux moulés sont autant de versions colorées d’un même « paysage » (ou plutôt d’un même « portrait ») fait de tissus et de textiles empilés. Aussi, lorsque le visiteur fait l’expérience des oeuvres de cette exposition, il fait l’expérience, minutieusement tressée à la précédente par l’artiste, des conditions de production de ces œuvres, de leur contexte d’émergence et de leur horizon de signification, sur un plan à la fois technique, historique et symbolique.

Yves Aupetitallot